Dans son étude universitaire intitulé Objets connectés : opportunités et limites, Jean-Baptiste Bard, étudiant à l’université Dauphine de Paris dresse le tableau des objets connectés et de leur enjeux. Ayant effectué son stage de fin d’études au sein d’une agence de communication digitale spécialisée dans le domaine de la e-santé, Jean-Baptiste Bard a pris conscience de l’engouement de ce phénomène à l’heure actuelle et de son potentiel pour demain.Définition, opportunités et limites sont les principaux axes de sa réflexion.
Demain, les objets connectés auront envahi le quotidien de chacun d’entre nous. L’objet d’étude de cette synthèse est le marché des objets connectés avec ses opportunités ainsi que les limites qu’il rencontre. Tout d’abord, une définition précise des objets connectés me semble un bon point de départ/essentielle. Selon une étude Xerfi, un objet connecté dispose de composants électroniques permettant de communiquer sans fil avec le réseau internet. Il est alors possible de le contrôler à distance (fonction allumé-éteindre). On évoque également l‘Internet des objets ( réseau de réseaux ) pour désigner une catégorie des objets connectés .
Le Marché des Objets connectés
Sur le marché des objets connectés les principaux produits s’insèrent dans la branche santé & bien être ainsi que la domotique. Ils rassemblent les principales applications connectées.
A noter que les ordinateurs portables, les tablettes et autres smartphones ne font pas partie de ce marché car ils appartiennent au marché du high-tech. Cependant, les smartphones et ordinateurs portables sont étroitement liés aux objets connectés comme me l’a précisé Renaud Acas, fondateur du site « objetsconnectés.net » lors d’une interview. En effet ces appareils servent de terminaux de contrôle des objets connectés en question. Ils agissent en quelque sorte comme des « télécommandes » permettant d’agir sur les objets connectés. Grâce à eux, il est ainsi possible de contrôler à distance le thermostat de la maison par exemple.
Le marché français des objets connectés
Le marché des objets connectés en France se divise en deux grands secteurs : la Santé et la Domotique. D’après l’étude menée par Xerfi, la valeur du marché des objets connectés s’estime à 150 millions d’Euros pour l’année 2013 – soit 1% des dépenses High-tech (Ordinateur, téléphones, tablettes,..) des Français. Le domaine de la Santé s’élève, toujours selon Xerfi, 60 millions d’euros et celui de la domotique 90 millions d’euros.
Santé & Bien-être
Le segment de la Santé et du Bien-être comprend quatre catégories de produits selon une étude effectué par l’IFOP ( Institut français d’opinion publique ) : balances connectées, montres connectées, traqueurs d’activité, et tensiomètres connectés.
Les balances connectées
Considérées comme pionnières parmi les objets connectés, la première fait son apparition il y a quatre ans, lancée par la société Withings. (Source : Blog dédié à la e-santé: lemondedelaesanté.com). Le prix moyen d’une balance connectée est de 120 euros, c’est le prix le plus élevé d’un objet connecté dédié à la santé. La valeur du marché des balances connectées représente 8 millions d’euros et correspond à 13,3% des parts de marché du segment des objets connectés dédiés à la Santé. Les principaux acteurs proposant des balances connectées sont : Ihealth, Withings, Terraillon, Fitbit. (Source: Fnac.com et Journal du Geek)
Les montres connectées
Contrairement aux balances, les montres connectées font partie des produits les plus récents dans le domaine de la santé. Les montres connectées ont notamment été mises en valeur à la conférence CES 2014 à Las Vegas. Ce produit représente une des valeurs sûres des objets connectés avec une part de marché de 46% et un volume de vente de 28 millions d’euros. Ce produit reste le plus médiatisé grâce à la notoriété des acteurs qui le proposent tels que Samsung, Sony et Garmin. (Source: Fnac.com)
Les traqueurs d’activités
Les traqueurs d’activité représentent la deuxième catégorie de produits la plus importante en termes de part de marché (33% contre 46% pour les montres). Cette position s’explique du fait de la notoriété de son principal concepteur, Nike. Celui-ci a grandement participé à la démocratisation des traqueurs d’activités en les implantant directement dans les chaussures dédiées à la course à pied. Ces produits représentent un chiffre d’affaire de 20 millions d’euros pour l’année 2013 en France.
Les tensiomètres connectés
Ce type de produit est le moins répandu sur le marché des objets connectés en France puisque sa part de marché équivaut « seulement » à 16%. Le principal fournisseur de tensiomètres connectés se nomme Withings, reconnu pour son expertise dans les produits connectés dédiés à la Santé.
LES OPPORTUNITES
Le marché des objets connectés comme celui de la e-Santé ont un très grand potentiel dans la mesure où ils entrent en résonnance avec le mode de vie de la population – et donc de ses clients. Ils bénéficient en effet des mutations sociologiques récentes comme l’hyper connectivité. Ce phénomène social est également renforcé par l’émergence d’une nouvelle tendance: « Le quantified-self ». Cette tendance se définie par la collecte et l’utilisation d’informations personnelles. En bref le marché des objets connectés présente diverses opportunités que ce soit sur le plan économique, sociologique ou encore technologique.
Les opportunités économiques
La France connait une mutation sociologique profonde via une connectivité de plus en plus importante. Les consommateurs sont ainsi amenés à acheter de plus en plus de produits qu’ils n’auraient pas pu imaginer il y a seulement une décennie – tout simplement car aucun équivalent à ces produit n’existait. Parmi ces produits, se trouvent les objets connectés.Un nouvel essor économique découle du développement de ce marché. Si Xerfi estime que ce marché ne vaut « que » 150 millions d’euros en 2013, la notoriété de sociétés telles que Withings ou Nike qui croient profondément en l’avenir de ces objets ne peut que faire progresser ce marché et générer une demande de plus en plus forte. Cette évolution de la demande devrait ainsi permettre un développement de l’offre. Xerfi estime que le marché des objets connectés pourrait atteindre une valeur de 500 millions d’euros en 2016, ce qui aurait pour conséquence première la création d’entreprises et d’emploi.
De nouvelles opportunités d’ordre économiques sont également liées à la réduction des dépenses énergétiques. Ainsi, des thermostats connectés proposés par les sociétés Nest aux Etats-Unis ou Netatmo en France française, permettent une réduction significative de la consommation d’énergie.
Dans le secteur médical, les objets connectés en lien avec la télémédecine permettent une réduction conséquente des dépenses en particulier dans le traitement des maladies chroniques (Réduction des analyses, des déplacements, du temps du médecin, etc..). Dans ce même domaine, l’exploitation des données numériques médicales propres à chaque individu (« Big Datas ») permettra de créer une véritable valeur économique pour les entreprises. L’interprétation de ces données leur permettra notamment d’adapter leur stratégie vis-à-vis de leurs clients et générer ainsi un meilleur profit. Les assureurs pourraient par exemple réévaluer leurs polices pour les personnes possédant des traqueurs d’activités.
Depuis 2007 la confiance entre investisseurs et système bancaire a fortement diminué. De nouveaux systèmes de financement se sont développés comme le crowfunding, un système de financement collectif. Les start up qui se lancent sur le marché des objets connectés y ont très fréquemment recours afin de récolter les fonds nécessaires à la réalisation de leur projet.
Les opportunités sociologiques
La France a subit une véritable révolution numérique, liée à un changement sociologique amorcé depuis une dizaine d’années. Les entreprises poussent à une connectivité au quotidien et les individus en redemandent comme le montre l’augmentation d’achat de Smartphones et de Tablettes. Ainsi, le développement des objets connectés est grandement encouragé par l’utilisation de ces appareils. En parallèle, la notion du« Quantified Self » provenant des Etats-Unis s’intègre à tous les objets connectés, leur donnant une fonction à la fois ludique et pratique pour avoir un regard sur sa santé. Les consommateurs en raffolent.
Les objets connectés profitent également des plateformes sociales qui ouvrent la voie à de nouvelles possibilités de communication autour des objets connectés et permettent des progressions participatives – dont les utilisateurs sont de plus en plus friands.
Sur le plan politique, la France a bien compris l’importance des objets connectés dans la vie de ses concitoyens et a mis en place un plan industriel des « objets connectés » qui place ces derniers comme l’une des 34 priorités industrielles de la France. (Source : Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services (DGCIS)). L’objectif de ce plan est de capitaliser sur les acquis des différentes start-up françaises et de favoriser l’expansion de ce marché tout en améliorant la production sur le territoire national. Il permettra également un financement dédié à ce nouveau secteur afin de consolider les avancées en R&D déjà présentes.
Comme le rapporte le journal « les échos » on constate une augmentation de 6,4% de cambriolages en zone urbaine et de 4,7% en zone rurale en 2013. Des statistiques qui expliquent en partie que les individus tendent à renforcer leurs systèmes de sécurité.Une cible de consommateurs de choix pour le marché des objets connectés qui développent des alarmes et des caméras de surveillance connectées par exemple.
Les opportunités technologiques
Les objets connectés bénéficient des avancées technologiques. Les composants sont de moins en moins cher ce qui facilite la tâche aux start up qui lance leur produit. De plus on peut constater l’amélioration considérable du réseau internet avec l’apparition de la 4G, l’expansion de point d’accès gratuits au réseau sans fil, qui rendent les objets connectés très performants.
LES LIMITES
Bien que les opportunités soient nombreuses, le marché des objets connectés n’est encore qu’au stade de niche. En effet, des limites à son évolution existent et relèvent principalement de trois ordres : Sociétal, juridique et économique.
Limites sociétales
Certes le phénomène se développe rapidement mais pour autant la méconnaissance à son sujet demeure. D’après une enquête réalisé par l’institut d’études Havas media : 81% des internautes ( 15/49 ans ) aurait déjà entendu parler des objets connectés mais seulement 55% d’entre eux sont capables de les définir. Le phénomène reste donc flou pour la moitié des internautes dépassés par la rapidité de développement de toutes ces nouvelles technologies.
Les nouvelles technologies se développent très rapidement ce qui modifie en profondeur le comportement d’achat des consommateurs. Mais l’émergence des objets connectés peut également entraîner une certaine lassitude de leur part. Que ce soit en raison defonctionnalités similaires selon les produits ou par leur utilisation désuète au quotidien. Si l’objet ne se fond pas dans une utilisation quotidienne, et si l’on n’arrive pas à dépasser le stade de l’effet de surprise alors l’objet connecté ne satisfera pas l’utilisateur qui s’en lassera rapidement et ce dernier restera au rang des « gadget » dont les français ne sont pas amateurs. (source : Article d’Edouard Laurier « Objets connectés: la deuxième révolution de l’internet » parus sur le blog « lenouveleconomiste.fr ».)
Limites économiques
L’émergence de ce marché connecté aurait pu tomber mieux dans le calendrier. Subissant les conséquences de la crise économique le pouvoir d’achat des français a véritablement diminué et il est certain que pas tout le monde va se donner comme priorité d’acheter un thermostat connecté lorsque le traditionnel fonctionne encore. Ce marché se développe principalement sur Internet et bien que quelques boutiques spécialisées ouvrent leur portes ( la Fnac le 30 juin dernier ) ils sont encore minoritaires. Disponibles à des prix encore élevés peut être que Les utilisateurs préféreront faire le test en direct du produit et le prendre en main avant d’investir. A l’aune du phénomène la gamme de produit est encore restreinte.